Les suicides en Corée du Sud

CHIFFRES
Le taux moyen, pour un pays de l’OCDE(Organisation de coopération et de développement économiques), est estimé à 12 suicides pour 100.000 habitants. En moyenne, 25.6 personnes sur 100,000 en Corée du Sud ont perdu la vie par un suicide en 2016. Soit près de 36 personnes chaque jour. « Depuis 2003, la Corée du Sud affiche un taux de suicide deux fois supérieur à la moyenne de l'OCDE. » C’est en effet une urgence puisque c’est le pays qui a le taux de suicide le plus élevé parmi les membres de l'OCDE.


PROBLEMES
Chaque jour, au moins quarante de Sud-Coréens se suicident soit un taux de décès 2,3 fois plus élevé que celui des accidents de la route. Ce sont principalement  des seniors et étudiants, eux qui stressent à la préparation des examens. Les lieux où les suicides se font les plus nombreux et fréquents sont les ponts de Séoul avec une tentative de suicide tous les deux jours entre 2006-2010 soit 892 en 4 ans.

« Le taux de suicide des plus de 70 ans est trois fois plus élevé que chez les 20-30 ans. Il est encore plus important  dans les campagnes à cause de l’exode rural. Cela a poussé les autorités à rendre illégale la production et la possession de Gramoxone, un désherbant utilisé comme poison. » (voir source):

En 2016, chaque jour, environ 50 personnes se suicidentet les seniors sont les plus touchés. Ils se considèrent aujourd’hui comme un fardeau pour leur famille alors ils se sont dévoués à reconstruire le pays après la guerre de 1950 et mené le pays au treizième rang des puissances industrialisées. La "République du suicide" touche aussi les jeunes à cause de l’obsession nationale pour la réussite matérielle impose à chaque individu, dès l’enfance, une intense pression scolaire puis professionnelle.


EXEMPLE
Kim JongHyun s’est exprimé sur les réseaux sociaux, à ses poches et ses fans "Je suis cassé de l'intérieur. La dépression qui me ronge doucement m'a finalement englouti tout entier. (...) Ne me blâmez pas, mais dites que j'ai bien travaillé." Kim JongHyun est le chanteur du groupe de Kpop de SHINee, il est né le 8 Avril 1990 à Séoul. Il s’est suicidé le 18 Décembre 2017 pour les mêmes raisons que d’autres célébrités sud coréennes avant lui. Voilà ce qui montre que le monde de la Kpop est bien une société qui exploite joyeusement des artistes. Pour les fans c'est un choc. Cela a rappelé les précédentes célébrités qui se sont suicidées en Corée du Sud. Contrairement pour Johnny Hallyday en France, le suicide de Kim JongHyun a été pleuré dans le monde entier même auprès de personnes qui ne le connaissaient pas. En réponse à cela, il y a eu de nombreuses manifestations.

Un autre exemple de célébrité qui s’est suicidée en Corée du Sud, Choi Jin-Shil, une actrice qui s’est suicidé à 39 ans, trois semaines après le suicide d'un autre acteur. En 2010, l'actrice Park Jin-Hee a publié une thèse sur la dépression et le suicide chez les acteurs. D'après elle, 20% des acteurs et actrices ont déjà acquis des drogues et des produits médicamenteux pour se suicider. Et en 2014, .html]Sugadu groupe BTS a évoqué sa dépression alors qu'une candidate de téléréalité se suicidait en plein tournage. La chanteuse Clara, accusait en 2015 le directeur de Polaris Entertainment de harcèlement sexuel, il l’a alors accusé de faire chanter le major dans le but de se libérer des ses obligations. Elle a finit par trouvé un accord avec Polaris pour rompre son contrat. Cela cause aussi des suicides, celui de Jang Ja-yeon en 2009, Park Yong-ha en 2010, Ahn So Jin en 2015. « Il faut vraiment des situations politiques majeures pour voir des prises de position et des communiqués officiels. » D’après Brice Miclet

Le Big Three coréen, à savoir SM Entertainment, JYP Entertainment et YG Entertainment, dégage des bénéfices pharamineux grâce à la Kpop. La langue pourrait être la seule barrière difficilement franchissable pour atteindre le public international. Il faut alors y mettre de l'anglais dans les textes, mettre ensemble des jeunes chanteurs de différentes nationalités, chinois, canadiens, américains... Pour que le jeune public puisse s’identifier, quitte à user de méthodes régulièrement dénoncés par les médias coréens. Les chaines aux pieds des chanteurs sont surnommés les «slave contracts» soient des «contrats d'esclaves». Ils commencent stagiaire vers 12 ou 13 ans, ils et elles sont entraînées, souvent hébergées dans des dortoirs, avec contrôle des régimes, des relations amoureuses et des fréquentations. Et ils ne roulent pas sur l'or, ils doivent rembourser dans un délai bref les frais quotidiens, ceux pour leurs cours de danse et ceux de chant, avec des majorations sorties de nulle part.

Résultat, la Korea Fair Trade Comission a enquêté début 2017 sur les contrats liant les artistes de Kpop aux principales maisons de disques les employant. Une annulation de contrat par le chanteur lui coûte parfois le double ou le triple de la somme investie par le label, de même s’il refuse de prolonger son contrat donc au delà de trois ans. Ce n’est pas le cas dans l’autre sens, c'est-à-dire que si l'une des maisons de disques décide de rompre le contrat, il n’y a pas besoin de préavis. En 2014, Taodu groupe EXO, a mit en justice SM Entertainment pour quitter la formation, il l’a expliqué en présentant son mauvais état de santé. Comme il était chinois, il devait signer un nouveau contrat avec une maison de disques de Chine. Mais SM Entertainment a renouvelé celui qui les liait, ce qui le mettait hors-la-loi et a fait perdre le procès à Tao.

C'est un modèle qui fonctionne une société très confucianiste qui prône le travail. En contre partie, on observe un mouvement sociétal, un souhait à vivre dans de meilleurs conditions soit avec un plus de temps libre et d'initiative personnelle. Aujourd’hui, des personnes ont des vacances et des weekends. De plus, voir les artistes et les proches se suicider, perdre des êtres chers dans leur quotidien est insupportable pour les jeunes. C'est un système qui a percé à la fin des années 2000, avec des jeunes sélectionnés vers 12 ans et formés suivant des techniques répétitives voire spartiates car ils n’ont plus de vie privée, 3 ou 4 heures de sommeil par nuit et sont constamment sous pression. Malheureusement, le système est rodé, alors ce cumul de suicides ne remet pas en question le modèle de la société sud coréenne.

Les « archétypes» doivent être beaux, taillés pour plaire aux jeunes filles, des corps fins, comme les One Direction des années 2010. C’est ce que souhaite produire de la musique pop, des jeunes beaux et dynamiques, une chorégraphie très sophistiquée. Pour valoriser l'image de la Corée, pour offrir un souffle nouveau d'air frais, dans la musique et le spectacle au niveau mondial.


CAUSES
Aujourd’hui, c’est un pays qui offre très peu de prestations sociales aux seniors, on peut dire que l’individualisme occidental écrase le collectif et les repères confucéens avec la dévotion et l’entraide familiale. Les gens savent qu'il y a beaucoup de suicides, avec d'ailleurs le nombre le plus important au sein de l'OCDE. Le suicide en Corée concerne différentes franges de la population comme les lycéens à cause du harcèlement, des vedettes à cause de leur maison de disques, des hommes d'affaire expérimentés à cause de la corruption par exemple, des politiques par burn out, des personnes âgées. Personne n'est épargné. Le pays a toujours vécu sous pression, dans son histoire et sa façon de fonctionner. L’une des causes est la réussite accélérée de la Corée dans le classement des puissances mondiales depuis 2000. Les Coréens l'appréhendent complètement dysfonctionnements et des cas malheureusement tragiques qui arrivent en masse. Il faut savoir aussi que beaucoup de Coréens sont superstitieux et prennent ces évènements comme coup du destin. « Les gens estiment que certains jeunes pas aguerris, formés, préparés, à cette bataille mentale craquent. »

« Depuis le samedi 31 mars 2012, une nouvelle loi qui oblige les collectivités à créer des centres de prévention au suicide dans tout le pays et à installer plus de téléphones d’urgence. Le ministère se doit de renouveler son plan national anti-suicide tous les cinq ans. Selon le quotidien Chosun Ilbo, le nombre de sites internet donnant des conseils pour se suicider a été multiplié par dix en trois ans, il y en aurait plus de 10 000 aujourd’hui. Shim Hana, doctorante sud-coréenne à l’Ecole des hautes études en sciences sociales à Paris, Explique que :




REPONDES
Le gouvernement Sud Coréen a annoncé son intention de réduire son taux de suicide à 17 pour 100,000 personnes jusqu’en 2022. Pour enrayer ce fléau, le ministère de l’Education sud-coréen a lancé des applications pour détecter des signes de suicide sur les réseaux sociaux, dans les messageries ou les recherches internet des élèves. Une fois le risque avéré, les parents reçoivent alors un message d’alerte sur leur téléphone portable.

Les Coréens ont mit en place des cours de médiation mortuaire pour apprendre à mourir pour mieux se reconstruire dans une nouvelle vie et une grande compagnie d’assurance qui a financé la totalité des dispositifs d’un « pont anti-suicides », un projet inauguré fin septembre par la municipalité de Séoul. L’anti-suicide du pont de Mapo a été équipé de capteurs. Lorsqu’une personne s’en approche, ils s’illuminent pour mettre en valeur des mots de réconforts et des photos qui évoquent les bonheurs de la vie quotidienne. Un téléphone est installé et relié à un centre d’appel et de prévention. Sur la balustrade a été inscrit «essaie encore un peu». De plus, il y est disposé deux statues montrent un homme en train d’en réconforter un autre. Ou encore mettre en place une étude sur les symptômes dépressifs, à réaliser tous les 10 ans à partir du moment où une personne a 40 ans.



Dans les métros ont été installés par la municipalité, des portes anti-suicides. En 2011 le gouvernement a adopté lois pour faire des enquêtes nationales sur ce sujet et de nombreuses activités de prévention. Mais au Centre coréen de prévention du suicide manque d’argent : « Il sera de 1,6 millions d’euros l’année prochaine, alors que le Japon consacre annuellement 200 millions d’euros au problème […] Parmi les mesures prises, la 4ème économie asiatique entend de former un million de "gardiens de la vie" qui auront pour but d'apporter une assistance aux personnes en détresse. »

Sources: